La liberté, on se rendait compte à quel point elle pouvait nous manquer lorsqu’on la recouvrait enfin. Il n’y avait rien de plus beau de pouvoir enfin sortir de cette battisse. Mais plus que cela, cette liberté signifiait pour moi arrêter d’être spectateur de la déchéance de la ville. Nous n’avions pas construit cette ville pour qu’elle se retrouve entre les mains des loups. Je n’avais jamais eu confiance dans cette race, je n’avais jamais aimé cette race à l’exception de certains des spécimens dont Hayley faisait partie. La loyauté à leur meute était cependant admirable. Il restait néanmoins pour moi une plaie que je ne voulais pas voir dans la ville des Mikaelson. La Nouvelle-Orléans était notre propriété et la sortie de cette prison qui était la notre allait nous permettre de remettre les points sur les i. Je devais reconnaître que je n’avais pas compris ce qui avait pu se passer l’année précédente. La montée des Eaton avait été aussi fulgurante que la chute violente et imprévue. Notre protection était devenue notre prison. Nous nous étions piégé nous même, dans l’objectif de protéger Hope, il est vrai. Je ne regrettais pas ce sacrifice cependant, cela avait été assez ennuyeux. Il n’avait pas fallut attendre pour que des chiens galeux décident de pisser dans tous les coins pour dire que cette ville était à eux. Et tel un fauve, j’étais bien décidé à rappeler à ces derniers qui étaient les vrais rois, les maitres de cette ville. Je ne doutais pas que NiKlaus nourrissait le même dessein que moi.

L’un de ces fameux loups m’avait demandé rendez-vous. Je pouvais constater que notre réputation continuait de nous précéder et c’était loin d’être une mauvaise chose. Cela les forçaient à réfléchir à deux fois avant de faire le beau. Dans un désir d’être loin de ma prison annuelle, j’avais accepté son rendez-vous sur les docks. De la brise fraiche ne pouvait qu’être plus bénéfique pour moi. J’avais accepté cette entrevue pour la simple et bonne raison que je ne souhaitais pas voir un bain de sang dans cette ville. Je n’étais pas du genre à fonctionner par impulsion. Je préférais largement le jeu des échecs et il sera bien assez tôt le moment de faire couler le sang qui iront tacher mon costume impeccable. D’un pas lent, j’avais pris la direction des docks. Nulle envie d’user de ma vitesse vampire. Le désir de profiter de l’air, du paysage était bien plus grand, cela ne m’empêcherait pas d’arriver à l’heure. Mon maitre mot pour ne pas tomber dans la folie était d’être toujours impeccable, parfaitement ranger. Cela me donnait un côté très maniaque dont le retard m’était insupportable. Arrivant à hauteur du lieu de rendez-vous, je stoppais ma marche lorsqu’un homme bondit près de moi. Je réprimais alors un sourire face à se désir de montrer sa force. Sans nul doute que je faisais face à ce loup qui devait maintenant attendre sa récompense. Mes mains dans les poches, j’observais l’homme face à moi, le jaugeant. Il avait une certaine carrure, un certain charisme et je comprenais avec peu de difficulté pourquoi cet homme était un alpha. « Ne me faites pas perdre mon temps. » dis-je simplement en écho à sa dernière parole. Les phrases énonçant des évidences avaient toujours tendance à m’agacer.

L’homme face à moi se voulait puissant. Il se donnait un genre qui pouvait faire illusion devant n’importe qui mais pas devant un originel. Mon statut d’immortel me donnait une grande assurance mais ma prétention je l’avais acquise avec les années en développant mes qualités de stratège. Il voulait traiter avec moi car il savait que cela ne servait à rien avec Klaus. C’était une erreur. Klaus, bien que très possessif réfléchissait tout de même à deux fois avant de tuer des loups. Il avait une certaine affinité avec cette race puisqu’elle était en partie la sienne. Cette affinité n’était pas la mienne et il était idiot de la part de ce loup de croire que je serais plus indulgent. Cependant, c’était dans ces moments là que je me félicitais de réussir à aussi bien cacher à quel point je pouvais être violent. J’étais capable de me montrer sans pitié, beaucoup de gens l’oubliaient, je ne démarrais juste pas au quart de tour. Tout le monde me prenait pour le noble originel, mais j’étais tout sauf noble. J’avais autant de sang sur les mains voir même plus que NiKlaus. Cependant, je ne cherchais pas à rectifier cette erreur de réputation car cela m’offrait toujours un élément de surprise.

Il vint rapidement à la raison de notre entrevue. Alors qu’il parlait, je restais sans bouger, l’écoutant attentivement, je ne comptais pas lui offrir le privilège de le suivre du regard. Il semblait vouloir se débarrasser d’une meute rivale. Il me proposait un marché. Le partage de la ville entre vampire et loup contre l’extermination de cette meute. Je me pinçais les lèvres puis en tapotant ces dernières avec mon index, je me tournais pour faire face au loup. « Qu’est-ce qui vous laisse entendre que le partage de la ville avec les vampires est une option ? » J’eu un léger rire avant de remettre ma main dans la poche de mon pantalon parfaitement repassé. « Vous avez une certaine prétention de croire que vous pourriez avoir plus qu’une simple tolérance sur le territoire. » Mon regard droit dans le sien, je laissais le silence s’installer.

Si je pouvais être aussi sanguinaire que NiKlaus, je n’utilisais en revanche pas les mêmes méthodes de manipulation. Je connaissais très bien mon frère et il aurait choisi cette opportunité pour faire disparaître une meute et n’avoir qu’à exterminer la dernière. Le connaissant, il aurait fait même mieux en tuant cet homme face à moi, faisant passer son assassinat pour un acte de cette Udinov et nous aurions assisté à un combat de chien comme rare il était possible d’en voir. « Cette ville n’a jamais été celle des loups et ne le sera jamais. Où serait mon intérêt, celle de ma famille à accepter votre marché ? » J’eu un léger sourire en coin. « Il est tellement plus avantageux de vous voir vous fatiguer et ramasser les morceaux. » Je n’étais pas du genre facile à convaincre et encore moins de la part d’un loup qui se croyait roi en ce territoire. Il devait se souvenir de sa place, celle d’un chien qui devait s’asseoir au pied de la chaise et attendre d’être sagement appelé. Ils prennent si facilement des mauvaises habitudes.